dimanche 1 mars 2009

Phénotype macroscopique

Un manque de compétences sociales? Une capacité limitée à établir une conversation réciproque? Un intérêt intense pour un domaine particulier? Voici les caractéristiques principales du syndrome d’Asperger. Aujourd'hui la société juge un individu en grande partie sur son apparence, sur la façon dont il se conduit et sur sa manière de parler. Un individu atteint d’un syndrome d’Asperger n’a pas de caractères physiques distinctifs mais il est ressenti par les autres comme différent. Cet article explique en quoi consistent ces différences.
Les principaux symptômes d’un autiste atteint du syndrome d’Asperger sont définis sur 5 axes.



1 - Le comportement social

# Critères de diagnostic sur les comportements sociaux

En 1989, des chercheurs, Carina et Christopher Gilberg, ont souligné six critères, basés sur des études menées en Suède, dont deux décrivent les aspects du comportement social. Le premier critère est intitulé « Altération de l’interaction social ». L’enfant présente alors au moins deux des caractéristiques suivants :

- incapacité à établir des relations avec ses pairs

- absence de désir d’établir des relations avec eux

- manque d’appréciation des réponses comportementales

- comportements sociaux et émotionnels inappropriés.

Selon un autre critère tendant à explorer la communication non verbale, mais reflétant également des altérations du comportement social, l’enfant présente au moins une des caractéristiques suivants :

- usage restreint des gestes

- langage corporel gauche ou maladroit

- mimiques faciales limitées

- expression inappropriée

- regard tendu, étrange.

# L'enfant autiste

Les jeunes enfants atteints du syndrome d’Asperger semblent ne pas désirer jouer avec les autres enfants. Ils paraissent se suffirent à eux-mêmes. En réalité ils préfèrent observer ou jouer avec des enfants plus âgés, parfois même ils évitent l’interaction sociale non seulement par manque d’aptitude au jeu mais aussi par désir de tout contrôler.

L’enfant peut être indifférent à la pression de ses paires aux derniers jouets ou vêtements à la mode. Il a peu de loisirs dans lesquels il se lie avec les autres et a peu d’amis véritables. Les plus jeunes peuvent devenir indifférents à cet isolement, satisfaits de jouer seul ou avec leurs frères et sœurs. Les plus âgés, eux, se rendent compte de leur solitude et, à a un certain moment, ils ont véritablement envie de se faire des amis de leur âge. Cependant, il apparaît vite que leur aptitude au jeu est immature et rigide et qu’ils subissent des rebuffades. C’est peut-être l’un des moments les plus pénibles pour les parents.

2 - Le langage

Les études montrent que chez presque 50% des enfants atteints du syndrome d’Asperger, le langage se développe tardivement mais qu’à l’âge de cinq ans, ils parlent couramment. Étant visiblement moins aptes à la conversation, ces enfants paraissent bien souvent étranges. L’acquisition de la prononciation et de la grammaire est semblable aux autres enfants. Les lacunes de ces enfants proviennent donc de l’utilisation du langage dans un contexte social, de la sémantique qui permet de distinguer les différentes significations, de la versification qui définit le ton, l’accent et le rythme. Le profil distinctif des compétences linguistiques, initialement décrites par Hans Asperger, et retenus par Carina et Christopher Gilberg sont:

- Développement tardif du langage

- Langage expressif apparemment parfait

- Langage formel, pédant (solennel)

- Prosodie (versification) curieuse, étranglé de la voix

- Altération dans la compréhension, y compris interprétation erronée du sens littéral et du sens figuré.

Les autres domaines dans lesquels la personne autiste peut rencontre des difficultés sont les suivantes :

- Se joindre à une conversation

- Faire face à l’incertitude ou se tirer d’un faux pas

- Surmonter son penchant pour les remarques incongrues

- Savoir quand il ne faut pas interrompre une conversation.

Les enfants atteints du syndrome inventent parfois des mots nouveaux, ou utilisent le langage d’une façon originale ( par exemple une petite fille disait « le poignet de mon pied » ou appelait les cubes de glaces « les os de l’eau ».). Cet humour qui consiste à créer de nouveaux mots qui leur est propre déconcerte les parents et les professeurs. Cette capacité à trouver au langage des sens particuliers est fascinante, et c'est un des aspects attirants et imaginatifs du syndrome d'Asperger.


3 - Les intérêts et les routines

Une fascination intense pour un sujet particulier tel que les moyens de transports, les mathématiques, la politique ou une insistance déraisonnable à poursuivre les actes routiniers de manière très stricte est un trait récurrent chez les autistes.

# Critères et diagnostic applicables aux intérêts et aux routines

Les critères de diagnostic du syndrome d’Asperger par les Gilberg font clairement référence aux intérêts et aux routines. Le deuxième critère signale la présence de centres d’intérêts restreints, avec au moins un des critères suivants :

- Exclusion d’autres activités ;

- Adhésion récurrente ;

- Savoir plus mécanique que réfléchi.

Le troisième critère mentionne ces routines qui sont imposées:

-à sois même dans des domaines variés;

-aux autres.

Dans ces différents critères de diagnostic, on note aujourd'hui des variations considérables dans la définition de cette caractéristique et sa présence même est remise en question.


# Centres d'intérêt et les routines

Les personnes atteintes du syndrome d’Asperger surmontent difficilement les changements de leur vie quotidienne et de leurs projets. De même leur centre d’intérêt consiste souvent à imposer un ordre aux choses : cataloguer des informations ou créer des classements rigoureux. De plus des études ont montré que l’ampleur de ces intérêts est proportionnelle aux degrés de stress. Plus l’anxiété est grande, plus l’intérêt est intense.

Ces occupations solitaires et répétitives permettent d’éviter le stress lorsqu’ils sont en contact avec des personnes extérieures mais aussi de se décontracter dans la sécurité qu’offre la routine.

4 - La cognition

La cognition est le processus d’acquisition de la connaissance c’est à dire le fait de penser, d’apprendre, de mémoriser et d’imaginer.

Les personnes touchés par le syndrome d’Asperger ont une intelligence moyenne ou supérieure à la moyenne. Beaucoup de ces patients sont relativement compétents dans leur connaissance des faits et possèdent une mine de renseignements précis sur les sujets qui les captivent. Cependant, ils démontrent des faiblesses relatives dans la compréhension et les pensées abstraites ainsi que dans la cognition sociale. Par conséquent, les jeunes éprouvent des problèmes scolaires, particulièrement dans les aspects suivants :


- Compréhension de la lecture;

- Résolution de problèmes;

- Aptitudes organisationnelles;

- Développement de concepts;

- Inférence et jugement.

De même, ils ont souvent des difficultés sur le plan de la souplesse cognitive; leur réflexion a tendance à être rigide. Ils ont souvent beaucoup de mal à s’adapter au changement ou à accepter l’échec. Ils n’apprennent pas facilement à partir de leurs erreurs.

On estime que 50 à 90 pour cent des personnes ayant le syndrome d’Asperger ont des problèmes de coordination motrice. Les régions touchées sont la locomotion, l’équilibre, la dextérité manuelle, l’écriture, les mouvements rapides, le rythme et les mouvements d’imitation.

5 - La sensibilité sensorielle

Nous avons découvert que les enfants autistes sont particulièrement sensibles à certain sons ou au toucher de certain objets alors qu’ils sont insensibles à des douleurs légères. Parmi ceux-ci, environ 40% ont des anomalies de la sensibilité sensorielle. Nous savons aujourd'hui que cette proportion est probablement similaire dans le syndrome d'Asperger. Lorsqu’un ou plusieurs systèmes sensoriels sont affectées, des sensations ordinaires sont perçu avec une intensité pénible de sorte qu'une simple anticipation de l’expérience conduit à une grande anxiété ou à la panique. Cette hypersensibilité diminue vers la fin de l’enfance mais pour certain, elle se prolonge a l’âge adulte.


On retrouve couramment les hypersensibilités suivantes :

- Sensibilité auditive (Temple Grandin une autiste de haut niveau cite : « J'ai un système auditif qui fonctionne comme un amplificateur au maximum de sa puissance. Mes oreilles se comportent comme un microphone qui ramasse et amplifie le son. J'ai deux choix: - je poursuis l'écoute et me laisse envahir par un déluge de sons, ou - je me coupe de la source de sons »)

- Sensibilité tactile (Temple Grandin cite: « Je me sauvais quand les gens tentaient de m'étreindre, parce que l'étreinte provoquait une énorme vague de stimulation à travers tout mon corps. Je voulais bien me sentir réconforter physiquement, mais dès que quelqu'un me tenait, je devenais très nerveux. »)

- Sensibilité visuelle (Temple Grandin : « Quand je vois une porte coulissante, je ressens la même sensation très agréable qui se produisait quand je me basculais ou que j'avais d'autres mouvements autistes stéréotypés. »)

- Sensibilité au goût et à la consistance des aliments (« j’aimais les choses simples qui n’avaient pas trop de goût […] comme c’était la nourriture que j’avais mangé très jeune, je la trouvais réconfortante et apaisante. J’étais hypersensible à la consistance de la nourriture, et il fallait que je la touche avec mes doigts avant de la manger » extrait "Moi l'enfant autiste" de Sean Barron)

- Sensibilité olfactive ( "Des adultes ont signalé que certaines odeurs étaient suffocantes. A la maison il convient d’éviter les parfums ou les détergents ménagers qui peuvent être perçus comme des odeurs extrêmement acres" cite un autiste interrogé par Cesaroni et Garber en 1991)
.

En revanche, l’autiste réagira très peu à des douleurs ou à des températures pénibles pour toute autre personne.



EXEMPLE DE PROBLÈME MATHÉMATIQUES RÉSOLU PAR UN AUTISTE DE HAUT NIVEAU.

Comme illustration à la capacité des autistes de haut niveau à résoudre des problèmes complexe dans un temps réduit, nous allons vous proposer deux problèmes de mathématiques qu’ils peuvent résoudre rapidement.

# Tout d’abord, nous allons vous exposer la technique qu’utilise les autistes de haut niveau pour trouver les nombres premiers.


Tout d’abord on doit écrire tout les nombres entiers positifs que l’on veut étudier, comme montré ici :

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

15

16

17

18

19

20

21

22

23

24

25

26

27

28

29

30

31

32

33

34

35

36

37

38

39

40

41

42

43

44

45

46

47

48

49

Etc…






Puis on doit retirer tous les multiples de 2, de 3, de 4, de 5, de 6, de 7 et ainsi de suite, comme dans notre exemple :




2

3


5


7




11


13




17


19




23






29


31






37




41


43




47



Etc…






Ainsi les nombres restant sont les nombres premiers.

Pour un non autiste cela paraît très fastidieux –des ordinateurs travaillent nuit et jours à trouver tous les nombres premiers possible- mais pour un autiste, cela se fait rapidement.

# Un autre problème typique que les autistes aiment résoudre avec une facilité effarante , est le problème de Monty Hall.

Voici l’énoncé du problème :


Vous participez à un jeu télévisé. Il y a trois portes, derrière deux d’entre elles une chèvre, derrière la troisième une voiture. Vous devez choisir une porte, et vous gagnerez ce qui se trouve derrière. Après avoir choisit une porte, l’animateur ouvre une des deux autres portes, puis vous demande si vous voulez confirmer votre choix ou changer. Que devez vous faire pour maximiser vos chances de gagner la voiture ?



La majorité des savants ayant essayé de résoudre ce problème ont affirmé que si on ne changeait pas de porte, ou si on en changeait, les chances de gagner la voiture étaient les mêmes : 1/3.



Voici comment un autiste résout ce problème:



-Désignons les 3 portes par X, Y et Z.

-Désignons par Vx l’hypothèse selon laquelle la voiture se trouve derrière la porte X et ainsi de suite.

-Désignons par Ax l’hypothèse selon laquelle l’animateur ouvre la porte X et ainsi de suite.

-Supposons que la porte X est celle choisit, les chances de gagner la voiture si il y a changement de porte sont donné par le calcul suivant :

P(Aza Vy) + P(Aya Vz)= P(Vy).P(Az/Vy) + P(Vz).P(Ay/Vz)= (1/3.1) + (1/3.1)=2/3

Il y a donc 2/3 de chances de gagner la voiture si le candidat change de porte.


Ce résonnement est confirmé par le tableau suivant :






Le tableau nous montre bien que lorsque que le candidat ne change pas d’avis, il a une chance sur trois de gagner une voiture, alors que si le candidat change d’avis, il a deux chances sur trois de la gagner.

Ces deux exercices de mathématiques nous montre bien l'exeptionnelle capacité des autistes de haut niveau à résoudre des problèmes complexes.