dimanche 1 mars 2009

Le cerveau d'un autiste

L'imagerie cérébrale s'est énormément développée ces dernières années. Elle a permis d'observer l'ensemble du cerveau en détail. Des études ont pu être menées sur des personnes atteintes d'autisme. Les observations réalisées par IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) ou TEP (Tomographie par Emission de Positions) ont révélées l'existence d'anomalies de certaines zones du cerveau, ainsi que des différences de fonctionnement de celui-ci.

Les résultats des études indiquent une augmentation du volume total du cerveau chez l’enfant autiste, leur boite crânienne semble se développer plus rapidement. De plus, la substance grise, couche du cortex qui se trouve à la surface des hémisphères cérébraux et contient les corps cellulaires des neurones se trouve diminuée. Enfin, grâce à la caméra TEP associée à une méthode d’analyse statistique des images nous avons pu constaté une diminution bilatérale du débit sanguin cérébral dans les lobes temporaux.

Afin de percevoir de façon précise les anomalies de fonctionnent du cerveau, les chercheurs ont utilisé des stimulus sur les personnes autistes, en visionnant parallèlement des images montrant leurs zones cérébrales activées. Ces stimulus étaient liés à la perception sociale, c’est à dire aux traitements des informations sensorielles nécessaires à une analyse de l'intention, de l'état d'esprit d'autrui; la direction du regard, la reconnaissance des visages et le langage sont des piliers de la perception sociale et de la socialisation.

Nous allons mettre en corrélation les difficultés qu’ont les autistes pour percevoir le monde qui les entoure et leurs anomalies cérébrales.

- Les aires temporales auditives droites sont hyperactives, la perception des sons en est perturbée et dans certains cas exacerbée. Les aires temporales gauches impliquées dans le traitement du langage sont à l’inverse peu actives, ce qui explique la difficulté qu’on les autistes à percevoir le sens des mots.

- L’aire fusiforme est spécialisée dans le traitement des visages, elle se trouve dans le lobe temporal. Une déficience de cette zone implique donc que les autistes reconnaissent parfois difficilement leurs proches, pour s’aider ils se souviennent alors de leurs vêtements, de leur couleur de cheveux…

- L’aire cérébrale responsable de la perception de la voix humaine, située dans les régions temporales supérieures présentent des anomalies de fonctionnement. Le cerveau semble traiter la voix comme n’importe quel autre son, ce qui expliquerait l’indifférence des autistes envers leurs proches.

- Le complexe amygdalien est un groupe de neurone dans le lobe temporal. Cette zone, élément clé des émotions, est déficiente chez l’autiste. Il doit fournir des efforts pour lire une émotion sur le visage d’autrui ainsi que pour exprimer les siennes.

Un témoignage que nous avons entendu lors du "café asperger" nous a confirmé cette dernière information. Un homme atteint du syndrome d’Asperger racontait que lorsqu’il était enfant, il ne souriait jamais. Ses parents lui ont dit qu’il fallait sourire pour être accepté en société. Un jour dans le bureau de son directeur d’école lorsqu’il se faisait sermonner, il a affiché un grand sourire devant lui. Cette anecdote illustre bien la confusion des autistes lorsqu’il s’agit d’exprimer des émotions adaptées à une situation.

# Le lobe temporal joue un rôle central dans le traitement des signaux environnementaux qui entrent dans le système nerveux par les organes visuels et auditifs. Le lobe temporal est indispensable à la transformation de ces signaux en expériences donnant un sens au monde qui nous entoure. C’est la zone la plus touchée du cerveau d’un autiste, il a donc des difficultés à évoluer normalement dans la société et ainsi qu’à se lier naturellement avec les autres.

# Les scientifiques ont aussi relevé des liens entre des mutations d’une protéine liée à la communication entre les neurones et l'autisme. En effet chez la souris, quand une protéine spécifique est mutée, la neuroligine-3 qui est une molécule d’adhésion cellulaire de la synapse, l'animal présente tous les signes caractéristique du handicap. Cette mutation entraine alors une augmentation des transmissions synaptiques inhibitrices, ce qui réduit le « taux de décharge » des neurones. Néanmoins cette constatation n'a pas encore été étudiée de manière approfondie et le lien entre autisme et défaut de synapses reste une hypothèse.

Le nouveau né a une préférence visuelle pour le visage humain, il est particulièrement sensible à la voix humaine. Il réagit aux stimuli extérieurs et il est rapidement capable d'imiter autrui. Cette attirance innée pour les autres êtres humains se transforme en une réelle capacité du cerveau à reconnaître son entourage et à interagir avec lui. Les résultats récemment acquis en imagerie cérébrale ont montré que l'autisme s'accompagne d'anomalies fonctionnelles et anatomiques des régions cérébrales qui participent à la perception, la reconnaissance, l’interaction et la compréhension d‘autrui Les autistes n'arrivent pas à intégrer de façon correcte les informations sensorielles qui arrivent dans leur cerveau, ce qui les conduit généralement à l'isolement.