dimanche 1 mars 2009

a) Les Jumeaux



Les jumeaux, John et Michaël, souffrent sans doute du syndrome d’Asperger mais l’appellation n’existait pas de leur vivant. Depuis l’âge de 7 ans ils ont vécu dans des établissements spécialisés où ils étaient considérés, selon le cas, d’autistes, de psychotiques ou gravement retardés.
Oliver Sacks, auteur du livre "L’Homme qui prenait sa femme pour un chapeau" les a rencontrés pour la première fois en 1966. Neurologue de métier, il a essayé de les comprendre et raconte fidèlement leur rencontre. Les 2 frères avaient alors 26 ans.

John et Michaël ne sont pas des génies à proprement parler, leur Quotient Intellectuel étant de 60 ce qui met en cause leur appartenance au syndrome mais les caractéristiques qu’ils affichent correspondent en tout point au syndrome autistique.
Ils sont incapables de réussir avec certitude les calculs les plus simples. Mais ils sont malgré tout dotés de facultés inconscientes incroyables. Si l’on excepte leur mémoire prodigieuse qui semble sans limite et leur permet de décrire jusqu’au moindre détail chaque jour de leur vie (temps, événements), ils ont la capacité que l’on retrouve chez de nombreux Aspis de prédire le jour de la semaine correspondant à n’importe quelle date sur une période de 80 000 ans, de « voir » en une seconde qu’une boite d’allumette renversée au sol en contenait 111 mais surtout ils sont obsédés par les nombres premiers et sont capables d’en « calculer » (si l’on peut dire) composés de plus de 20 chiffres.
Les deux jumeaux vivent dans un monde totalement isolé et ont un mode de pensée différent. C’est pourquoi il est difficile d’arriver pour les uns comme pour les autres à se comprendre et à résoudre leurs mystères. Chacun étant étranger au monde de l’autre, ils sont incapables de comprendre notre manière de penser car la leur est instinctive.
Oliver Sacks décrit la manière étrange dont ils procèdent pour calculer ainsi : « leurs yeux roulent et se fixent d’une manière particulière, comme s’ils déroulaient ou scrutaient un paysage intérieur. »
On peut penser que ces capacités extraordinaires découlent d’une attention et d’un apprentissage anormalement concentré sur des taches. En effet le trouble autistique, dès leur naissance, les a prédisposés à se fermer au monde de la communication.
Cela leur aurait permis de développer de façon inhabituelle et compensatrice d’autres sphères du cerveau provoquant ainsi des hyperfonctionnements.
C’est aussi ce que pense Elaine Taveau, créatrice de l'association «ASPERGER AIDE FRANCE», que nous avons eu l'occasion de rencontrer. Chacun a-t-il à sa naissance la capacité de développer de telles facultés ? La passion obsessionnelle qui caractérise chaque Aspis dès son plus jeune âge permet-elle à certains d'entre eux de développer des compétences exceptionnelles simplement par assiduité? Nous savons que le cerveau dans ses premières années a des capacités incroyables qu’il finit par perdre ou du moins qu’il finit par voir diminuer. Est-ce que la précocité de ces enfants dont la curiosité est intarissable dès qu’il s’agit de leurs sujets de prédilection justifierait-elle entièrement ces capacités?

Cela ne serait-il alors qu’un phénomène secondaire favorisé par l’autisme ?
Cette hypothèse pourrait justifier, en partie du moins, la minorité d'Aspis dotée de facultés hors du commun.